"La cerise de porcelaine" de Gabrielle Marquet. L'histoire de ce livre peut faire une très bonne comédie au cinéma. Janvier 1971, Daniel achète les droits, engage Michel Audiard pour l'adaptation, les dialogues, et la mise en scène, choisi Annie Girardot et Michel Serrault pour les rôles principaux, fait un devis, et présente le package à la "SNC", production de Gérard Beytout, avec laquelle Daniel aime travailler. Les contrats sont signés, Daniel lance la production, tournage du film fin Mars. Fin Février, Audiard n'a pas fini l'adaptation. Il demande à Daniel un délai jusqu'à fin Juin, le temps de le laisser réaliser le film "Le drapeau noir flotte sur la marmite" avec Gabin.

Annie Girardot et Michel Serrault qui le connaissent bien, acceptent de repousser les dates du tournage. Début Juin, Audiard raconte avec beaucoup de détails ses idées pour le film à Daniel, balance des répliques comme il sait le faire, mais le scénario n'est pas encore au point. Il redemande un délai pour fin Septembre. Daniel, financièrement très engagé avec Audiard, décide de prendre le risque de lui faire confiance et accepte ce nouveau délai. les acteurs sont très contrariés. Ils ont du refuser d'autres engagements. Cette année 1971, Annie Girardot et Michel Serrault, qui tournent habituellement jusqu'à cinq films par an, n'ont tourné qu'un seul film chacun.

Début Septembre, réunion de la production à la "SNC". Audiard avoue qu'il n'a pas écrit une ligne du scénario, et qu'il ballade tout le monde depuis des mois. Dépression générale. Le temps et l'argent engagés sur Audiard, les acteurs et la production du film sont perdus. Daniel est ruiné moralement et financièrement. Annie se sent dupée. Daniel, Annie, Audiard et Beytout dînent ensemble pour essayer d'arranger les choses. En le raccompagnant le soir, Daniel dit à Audiard: -"Tu ne peux pas nous faire un truc pareil", Audiard lui répond: -"Il faut que tu saches que je suis l'homme le plus lâche du monde". Daniel et La "SNC" décident de faire un procès à Audiard et le gagnent 10 ans plus tard.

1974, Daniel vient de tourner "Le Gang des Otages". Il est dans le bureau d'Alain Poiré à la "Gaumont" avec laquelle il vient de co-produire son film, quand Michel Audiard entre avec un gros pansement au pied et à la jambe. Il marche très péniblement avec ses deux cannes, s'approche de Daniel, et lui glisse à l'oreille:
-"Je vais te faire un immense plaisir, je souffre énormément..."
Comme toujours, l'humour sauve Audiard. En une phrase, il réussi à faire passer la mauvaise humeur de Daniel à l'humour. C'est comme ça que petit à petit le cours de leur amitié reprend, sans plus jamais se priver réciproquement de l'esprit de l'un et de l'autre.